(Dom) Pedro Naason Theoney est né le 04 novembre 1986, à Port-au-Prince (Delmas)… Au bout de ses études secondaires au lycée Pierre Eustache Daniel Fignolé, il est entré en 2009 à l’École Normale Supérieure de Port-au-Prince où il a eu une importante formation en philosophie. En 2013, il est admis au programme de Master de Philosophie Paris8/ENS… Et depuis quelques années, il enseigne la philosophie dans certaines écoles à Port-au-Prince.
En 2014, il a fondé les Éditions Gouttes-Lettres, une maison d’édition généraliste au service des communautés d’intellectuel·le·s, de créateur·trice·s et de lecteur·trice·s,
haïtien·ne·s, voire du monde entier. Entre 2018 et 2019, il a publié ses deux premiers livres, « Les délices de la chair », qui est un roman philosophique, et un long poème (pro)féministe, intitulé « Hymne à la femme ». Donc depuis son entrée à l’E.N.S., les livres, l’écriture, l’édition, et bien sur sa famille, constituent ce qu’il
appelle sa raison de vivre.
Les « Délices de la chair »,
le tout premier roman de Dom Pedro N. THEONEY, est un roman philosophique. Un assez vieux problème, qui est le cœur du cœur de la culture (tradition philosophique) occidentale, y est posé : la dualité de l’ÂME et du CORPS. Quelle philosophie, depuis Platon, ne s’y est pas intéressée ? Aucune, naturellement. Car toute philosophie véritable commence forcément avec elle, y trouve pour mieux se déployer un point auquel se fixer, qu’elle ne fera bien entendu que renouveler, certes sous un mode (souvent) tout à fait singulier ou original… Et Dom Pedro N. THEONEY, plus dans la lignée d’un Spinoza ou d’un Nietzsche, entre autres, que d’un Épicure, résout ce problème en démontant ce dualisme
philosophique traditionnel, qui projette une image erronée de l’homme, du monde ou de toutes choses. Et propose à la place une espèce de monisme philosophique, qui postule d’entrée de jeu que le principe du monde ou de toutes choses est nécessairement matériel, ceux-ci en eux-mêmes n’étant que MATIÈRE. À étendre davantage cette pensée, l’on ne peut éviter de conclure avec Dom Pedro que l’homme n’est que corps. Aussi, disparaissent, toutes à la fois, les histoires et élucubrations sur l’âme, son immortalité et tout ce qui en découle…
L’auteur condense tout cela dans un magnifique récit d’aventures érotiques, où la chair, le corps et les plaisirs qu’ils procurent sont mis en avant, valorisés et traités bien entendu pour ce que, tous ensemble, ils constituent : le principe pouvant aider à découvrir la vérité sur/de l’homme…
Hymne à la femme, un poème (pro)féministe
Hymne à la femme est un long poème pour les femmes. Un poème fleuve, comme on dit, et qui n’est pas un simple chant de la beauté de la femme ou de l’amour que le poète porte aux femmes. C’est plutôt, en tout cas, un poème qui postule entre les lignes qu’il faut avant toute chose, c’est-à-dire avant les éloges de sa beauté, pour ne pas être hypocrite et donc ne pas perpétuer cette misogynie et cette phallocratie propres à notre civilisation qui souvent tait son nom, se débarrasser des idées reçues et préjugés sur les femmes ou sur les rapports hommes/femmes, il faut en somme combattre le mal séculaire fait aux femmes. D’entrée de jeu, dans la première partie du poème, l’on assiste au combat que mène le poète, qui procède à ce qu’on appellerait une généalogie des misères de la femmes, pour mieux indiquer contre qui il se bat : « Sommes ou traités théologiques de toutes sortes, livres prétendument saints des grandes religions (monothéistes) », ainsi que leur « prétendu créateur », tous « instigateurs du mépris séculaire de la femme », il les rassemble pour
les faire manger par le feu, ou, pour parler leur langage, « pour un ultime autodafé ». La femme, poursuit-il, toujours dans la première partie, est tout entière l’Humanité, comme l’homme est tout entier l’Humanité, c’est-à-dire que les femmes et les hommes ont reçu en partage les mêmes dons et qualités humaines.
Autrement dit, il n’y a rien que peuvent les hommes que les femmes, elles aussi, ne le peuvent, et viceversa… Et dans l’autre partie du poème, qu’il intitule d’ailleurs « Petit éloge du corps féminin », il réussit un coup de force remarquable : il emprunte ses images aux mathématiques, aux sciences de la nature, à la musique et aux arts plastiques, pour chanter les lignes, les courbes et la splendeur de l’espace corporel féminin, et ce sans déroger au principe de départ.
Grande fête annuelle de littérature contemporaine, le festival Vive Haïti Livres est un espace rassembleur qui fait la promotion du livre, de la lecture et des acteurs de la chaine du livre haïtien.
An nou rete ansanm..An nou simen lespwa